Deux belles journées entre potes, dans des voies en terrain d’aventure ni trop faciles ni trop dures: ce qu’il faut pour reprendre la main après deux mois d’inactivité
Voie de la grotte, Rocher du midi.
Quand Mathilde sort de nulle part sa proposition d’aller faire la voie de la grotte, je devine de suite la motivation qui se cache parmi les autres…elle est en train de boucler « la liste »! ;p
Effectivement, les classiques en terrain d’aventure du Rocher du Midi (Coupé, Grotte, Lion) sont historiquement très courtisées par les candidats au test technique du diplôme de moniteur d’escalade. Et ce pour des bonnes raisons: tout en étant des vraies voies en terrain d’aventure, dans le niveau requis, l’accès et la descente raisonnables en termes de longueur et complexité, la présence d’équipement in situ relativement généreux dans les passages-clé et un rocher qui promet d’être globalement solide, dans une face monolithique et ouverte, les rendent attrayantes pour des grimpeurs habitués aux couennes et voies équipées.
La Voie de la Grotte ajoute à ces caractéristiques appréciables ce petit cachet de voie du poisson du pauvre (même si chronologiquement ce serait plutôt le contraire: la « grotte » a été ouverte par Gary Hemming et Stewart Fulton en 1963, alors que Igor Koller et Jindrich Sustr ont ouvert Weg durch den Fisch en 1981). Tous ces points positifs ne doivent cependant pas leurrer: ça reste du vrai terrain d’aventure calcaire, ce n’est pas si court, le rocher varie entre excellent et franchement douteux, ça louvoie beaucoup, c’est parfois paumatoire et il n’est pas inutile de savoir négocier efficacement un ou deux pas d’artif’. Les cordées peu habituées à ce genre de terrain risquent de trouver cela très, très long, malgré les cotations modestes pour nos jours…
Quelques conseils concernant la voie
Niveau matériel, on avait un jeu de bicoins, friends en simple de tout petit (alien/z4) jusqu’au 3, douze dégaines à rallonge, quelques sangles de 120. Nickel, RAS. Longe réglable conseillée pour l’A0 après la grotte.
Première longueur: Plusieurs options…le meilleur départ se situe « au sommet de la croupe herbeuse qui marque un léger changement d’orientation de la paroi ». Attention, c’est facile mais improtégeable et en rocher pas toujours parfait, sur presque 10 mètres. Laisser ce départ à un leader mentalement solide. Ayant déjà gravi cette longueur lors de mon parcours de la voie du Lion, quand à mon tour je faisais « la liste », j’étais content de voir Mathilde gagner à pierre-feuille-ciseaux, et monter jusqu’au premier piton sans broncher.
On a tiré « tout droit » dans la Coupé jusqu’à la deuxième vire, pour ne pas attendre derrière une cordée qui nous semblait un peu désorientée. Bilan: sympa mais ça ne fait pas gagner du temps! Le 7a-ou-A0 ne donne qu’à moitié envie de grimper en libre…gros mouvs sur bacs en devers, ça c’est bien cool et on aurait presque envie…sauf que les mêmes bacs ont l’air de vouloir s’arracher en cas de grimpeur trop lourd ou enthousiaste!!! Faites relais au pied du bombé si vous voulez tenter l’exploit, vous serez mieux assurés: autrement, si on passe en A0 ça s’enchaine bien avec la longueur d’avant.
Le 6c qui suit, bien négocié par Mathilde, se résume en un premier pas de bloc qui demande décision en grimpe et attention à l’assurage, et quelques mouv’s de dalle délicate plus haut.
Pour la longueur en 5 après la deuxième vire, même discours que pour la première, en pire. Probablement la longueur la moins équipée de toute la voie, et la moins facile à protéger, avec peu de repères itinéraire fiables. En gros il faut tirer globalement droit au dessus du relais pour 35-40 mètres, au plus facile, et une fois arrivés à une petite vire la traverser vers la droite. Ne pas sous-estimer…
Les longueurs suivantes nous ont paru plutôt évidentes, bien que louvoyantes. Les deux longueurs qui mènent à la grotte peuvent s’enchainer avec du métier dans la gestion du tirage (faut utiliser une seule corde pour L1 et la traversée, en rallongeant bien certaines protections, et l’autre corde pour L2. Attention, avec 50m on fait relais-relais tout juste!). Curiosité: il semblerait assez aisé de shunter complétement la grotte en empruntant une fissure/dièdre à mains qui lui passe deux mètre à gauche…mais ce serait bien dommage!!!
Attention au 6b/A0 en fissure qui marque la fin des difficultés, juste avant la jonction avec la Coupé. Ce court passage est assez bloc et le relais est probablement le plus douteux de toute la voie: ne déconnez pas niveau protec’…à minima un 0.4 pour renforcer le relais et un 0.75 en premier point. Plus tard, un petit « coup de cul » en renfougne couronne le tout: dans son ensemble, cette longueur ravira les amateurs de verrous et combats de rue en fissure. Autant vous dire que j’ai adoré!
Galerie d’images
merci pour le saucisson et la belle journée, bon courage pour le test! 😉
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