Glossaire illustré des pratiques de l’escalade. (Contactez moi pour vous initier ou pefectionner aux spécialités décrites ci dessous, encadrés par un moniteur)
Grimper en libre (une voie, un bloc), « faire » (une voie, un bloc), « enchaîner » : gravir un itinéraire « en libre », ça veut dire le grimper en tête, sans chute et sans utiliser les ancrages ou la corde pour se reposer ou s’aider à monter. A ne pas confondre avec le solo intégral (ascension sans aucun système de sécurité).
Même si ce style d’ascension existe depuis qu’on utilise une corde pour arrêter les chutes (début du XX siècle), le fait de lui donner une importance particulière et de rechercher la difficulté « en libre » est relativement récent. Avec des différences et des exceptions selon les pays (notamment l’avance du royaume uni et d’une région particulière de l’ex Allemagne de l’est), c’est au cours des années 1970 et du début des 1980 que le mouvement « libériste » s’affirme.
En France, le parisien Jean-Claude Droyer est le personnage charismatique ayant lancé cette nouvelle mode.
C’est grâce au mouvement libériste que l’escalade existe en tant que discipline à part entière, autrement elle ne serait qu’une technique de l’alpiniste. Si vous voulez approfondir, l’excellent livre « L’Escalade Libre en France: sociologie d’une prophétie sportive » retrace la naissance du mouvement libériste.
Escalade Sportive (en site naturel) : évolution logique de la recherche de difficulté « pure » en escalade libre. Il s’agit de grimper avec corde et ancrages de sécurité fixes et fiables (placés par un « équipeur » ayant préparé la paroi au préalable : purge du rocher instable, repérage des cheminements les plus logiques/intéressants, pose des ancrages).
Sauf erreur dans les techniques de sécurité, le danger de blessures graves est réduit au minimum possible- même si une impression de danger peut demeurer, par exemple en cas d’ancrages très éloignés (jusqu’à 6 mètres en fin de voie longue et déversante…).
Si pas spécifié, on sous-entend que cela se fait sur une paroi rocheuse de hauteur généralement comprise entre 10 et 50 mètres, c’est-à-dire « une longueur de corde ».
Comme le nom l’indique, c’est probablement la sous-discipline plus intéressante d’un point de vue purement sportif (en dehors des compétitions) : on y retrouve plusieurs dimensions de l’effort physique (force, résistance à la fatigue, récupération et économie du geste) ainsi qu’une dimension de « psychologie sportive » assez poussée (les temps de l’effort sont assez dilatés pour que des pensées parasites apparaissent et persistent…la peur de tomber du débutant évolue avec le temps et se transforme chez le confirmé en anxiété liée à la performance, dont la gestion peut se révéler assez difficile).
Il faut souligner que l’escalade sportive en France entraîne malheureusement de plus en plus de problèmes de gestion juridique.
Grande voie : escalade « multi-longueurs » , sur une paroi plus longue que la moitié d’une corde d’escalade standard (60-100m).
On utilise donc des stations d’arrêt qu’on appelle « relais », placées généralement chaque 30-50 mètres.
Quand le grimpeur arrive au 1er relais, il assure son partenaire depuis le haut.
Quand le 2ème grimpeur rejoint le 1er au relais un des deux recommence à grimper pour atteindre le relais suivant et ainsi de suite…
Selon la nature des ancrages, une grande voie peut être assimilable à de l’escalade sportive, ou à du « trad climbing », ou à un hybride entre les deux.
C’est la sous-discipline la plus axée sur l’ambiance et la verticalité…on quitte tout lien avec le sol pour être vraiment « en paroi ».
C’est chez la plus part des pratiquants la pratique la moins liée à une optique de performance sportive, c’est plus « se balader dans une face rocheuse ». Il est par exemple courant de ne par réussir toutes les longueurs en libre, sans que cela soit occasion de déception.
Big wall : grande voie sur parois d’ampleur exceptionnelle, dont l’hauteur dépasse les 500 mètres et atteint parfois le kilomètre voir plus ! Selon la difficulté de l’itinéraire et ses talents on peut être obligés de bivouaquer en paroi, soit sur des terrasses naturelles qu’on appelle « vires » (« ledges » en anglais), soit dans des tentes suspendues appelées « portaledge ».
Des nombreux itinéraires en « big wall » ont été d’abord gravis avec un recours plus ou moins intensif à « l’escalade artificielle » (dans les sections trop difficiles, on place des ancrages de toute sorte, et on tire dessus pour avancer). Un défi relativement moderne et souvent très élitiste est l’ascension en escalade libre de ces itinéraires.
Après Travail : ascension en libre après plusieurs montées « non valides » dans la voie, soit pour repérer les mouvements, soit essais de montée en libre terminés par une chute.
Si l’après travail « rapide » (3-4 montées au max) d’une voie loin de ses limites est probablement le type de performance le plus « confortable », l’après travail de longue durée (semaines, mois, années…) d’un itinéraire à ses limites est sans doute l’épreuve ultime en escalade, d’un point de vue physique, technique mais aussi psychologique (doutes sur la possibilité réelle de l’enchaînement, anxiété, attentes, démotivation, gestion de son état d’activation, etc)
Flash : ascension en libre à la toute première montée, les informations sont admises (conseil sur la séquence, vision d’un autre grimpeur, etc).
à vue : plus restrictif, ascension en libre à la 1ere montée et sans informations (pas de conseils, pas d’observation d’autres grimpeurs. Seulement l’observation depuis le sol est admise). C’est le style plus facile à apprécier, car ça ne demande pas un investissement particulier en temps et préparatifs. Ça demande des capacités de résistance physique, intuition gestuelle, et prise de décision.
Bloc : Escalade de rochers de faible hauteur (jusqu’à 5 mètres) protégée par des tapis de mousse au sol (crash-pad) et par la « parade » des partenaires de pratique.
Spécialité en apparence anodine mais qui peut se révéler assez traumatisante pour les membres inférieurs (chevilles !), surtout pour les moins expérimentés (il faut savoir anticiper l’endroit de sa chute lors de la pose du crashpad et apprendre à « bien tomber »).
C’est le domaine de la finesse technique du geste, de l’importance du petit détail, de la brutalité de l’effort et, si vous vous orientez vers la performance, de l’imagination appliquée à la quête de l’impossible…en effet vous pouvez passer très longtemps à essayer un mouvement (déplacement de main ou de pied) qui vous est tout à fait impossible au premier essai…la capacité de « imaginer » ce mouvement avant d’arriver à le faire, dans le sens d’en créer une image mentale réaliste, est alors essentielle.
Les résultats en bloc sont souvent très variables selon l’adaptation de sa morphologie au passage choisi, les conditions météo, etc.…
C’est aussi la pratique la plus adaptée aux esprits joueurs (on peut facilement imaginer des nouveaux défis : à une main, en sautant certaines prises, etc.) et aux grimpeurs paresseux : pas de tache d’assurage, un matelas pour tomber dessus mais aussi pour faire la sieste, des sites souvent très proches du parking…
Il est bon de savoir que la forêt de Fontainebleau (plus simplement «bleau» ou « la forêt » pour les initiés) est à la fois le 1er site au monde où cette pratique fut systématisée (début du XX siècle) et une Mecque mondiale du bloc de toute difficulté, pour quantité et qualité des rochers.
On appelle les grimpeurs franciliens assidus en forêt « bleausards ». Le devenir est presque surement un gage de technique, de force, et de sophistication dans sa pratique.
Crashpad : matelas portable en mousse qu’on place au pied du bloc pour amortir les chutes.
Highball : bloc de hauteur considérable, telle que la réception de la chute est violente même en atterrissant sur une aire de réception bien garnie de crashpads. Une mauvaise réception entraîne sans aucun doute des blessures… Le highball, par rapport au bloc « traditionnel » est moins axé sur la difficulté pure, mais mobilise plutôt des notions de « frisson » et de maîtrise : maîtrise de ses émotions, maîtrise de la « marge » (il faut savoir si on est proche de la chute ou pas) et maîtrise de la chute (on n’a pas droit de tomber n’importe comment et de n’importe où…)
Trad Climbing, « terrain d’aventure » : escalade sécurisée par des protections (ancrages) amovibles, normalement placées par le grimpeur pendant son ascension en tête, dans des fissures ou trous ou autres aspérités naturellement présents dans le rocher. En termes de sécurité en cas de chute, le résultat peut varier entre « aussi anodin que de l’escalade sportive » et « blessures très graves », selon si l’itinéraire présente ou pas des fissures et des trous de la bonne forme, aux bons endroits.
Le « trad » est un type d’escalade très populaire dans les pays anglo-saxons, les moyens employés étant considérés comme plus « justes » ou « honorables » (fair means) que ceux de l’escalade sportive. Les arguments en ce sens sont les suivants :
1) Le rocher retourne à son état d’origine après l’ascension (on ne laisse pas les ancrages en place)
2) Le grimpeur ne dépend pas d’un équipeur qui a sécurisé l’itinéraire au préalable, il est donc plus « libre et autonome » mais aussi totalement responsable de soi-même sur un plan légal (on rentre dans le cas de figure du « risque accepté »)
3) Dans la confrontation grimpeur-rocher le grimpeur est soumis au jeu imposé par le rocher (avec les ancrages utilisés en escalade sportive on peut sécuriser n’importe quel itinéraire et donc quelque part « forcer » cette confrontation.)
4) L’élément de « évaluation et maîtrise du risque » propre de cette sous-discipline ajoute une dimension intéressante au vécu du grimpeur, entre savoir faire rationnel, expérience et émotions, alors que l’escalade sportive et le bloc restent plus proches d’une discipline sportive ordinaire.
Le trad climbing est en train de se creuser une niche chez les grimpeurs de l’europe continentale aussi, et je participe de cette mode…d’où l’explication assez longue !
En France on utilise aussi le terme « terrain d’aventure », qui est un synonyme imparfait.
La principale différence est qu’en « terrain d’aventure » à la française il est admis de laisser des ancrages en place et de les forcer dans les fissures du rocher à l’aide d’un marteau (pitons).
Escalade de compétition:
Pour des raisons pratiques les compétitions officielles en occident, nées en 1985, ont rapidement abandonné le rocher : en effet pour obtenir une « bonne compétition » du point de vue du classement et de la « légitimité sportive » du résultat, il faut un itinéraire présentant certaines caractéristiques…qui ne se retrouvent pas facilement en nature !
L’évolution des structures artificielles d’escalade doit donc beaucoup à l’escalade de compétition.
Il y a trois formats : bloc, difficulté (=escalade sportive en salle, à vue) et vitesse. Plus d’infos (règlements, calendrier) sur les sites des fédérations française (ffme) et internationale (ifsc-climbing).
A titre anecdotique il faut dire que l’Union Soviétique avait, bien avant 1985, une longue tradition de compétitions de vitesse (sur rocher) et de compétitions d’alpinisme, souvent mises en place sur des grandes parois rocheuses (format : pendant une semaine des cordées de forts grimpeurs se rassemblent dans une vallée aux flancs abrupts. Ils cherchent de réaliser des ascensions inédites, élégantes, difficiles et risquées. A la fin de la semaine, un jury d’anciens alpinistes établit le podium des meilleures ascensions)
Rétroliens/Pings