Le dièdre de l’Oursinade, ouvert par Raymond Bonnard et Roland Fustin en 1973, est un bel exemple des lignes de fissure évidentes qui caractérisent la première vague d’ouvertures au Verdon: un peu comme l’Offre, La Demande, ULA, les Caquous, Luna Bong et d’autres encore…
Comme la presque totalité de ces voies, elle a été ouverte avec pitons, coins de bois et excentriques, puis rééquipée dans un style qui est difficilement compréhensible par les grimpeurs contemporains: des points aux relais et dans les passages durs, mais pas partout, ce qui rend obligatoire la pose de coinceurs et sangles, sans pour autant offrir l’esthétique d’une voie toute en « trad ». La tendance des dernières années est d’ailleurs le déséquipement « sauvage et anonyme » de ces voies: dans ULA comme dans Les Caquous vous ne trouverez maintenant que les points de relais, et il vous faudra un double jeu de friends (voir un peu plus) pour les parcourir. Au délà des polémiques engendrées par le modus operandi peu démocratique, il faut constater que des nombreuses cordées semblent apprécier ULA en version trad!
Pour revenir à l’Oursinade, l’ami et collègue Lionel m’avait parlé de ce dièdre en me disant que c’est « encore plus mythique que ULA, de la fissure à mains tout du long » et que ça doit se faire tranquillement sans utiliser les points en place dans les longueurs. J’ai donc profité d’une journée « off » de ma saison de canyoning pour aller vérifier, accompagné d’Emeline.
Bilan: la voie passe très bien en trad, et l’équipement en place est bien bizarre par endroits: plusieurs points juste à coté de fissures très facilement protégeables, alors que certaines sections de fissure large et terreuse sont sans équipement…
Matériel nécessaire pour une répetition « trad »:
Bicoins. Friends en simple de 0,2 BD à 0.5. Doubler le 0,75 (vert), 1 (rouge) et 3 (bleu). Tripler le 2 (jaune). Un 4 et peut être un 5 : je n’avais pas ces grosses tailles et j’ai regretté à quelques reprises. Dégaines, toutes sur sangle: 6 à 8. Deux voir trois sangles de 120 en plus que celles éventuellement utilisées aux relais. Gants de fissure et technique de verrou de mains: conseillé mais pas obligatoire. Encordement à double nécessaire pour la longueur clé.
Pour grimper la voie en utilisant les points en place il faudra plus de dégaines, mais quand même un jeu de friends en simple assez étendu…
Les premières deux longueurs sont évitables et sont un bel exemple de « jardinage vertical ». Cela m’a fait marrer, mais certains les trouveront horribles… Le reste est du cinq étoiles dans du rocher solide, propre et encore assez neuf.
Longueur clé: monter à la lunule (sangle en 120), aller buter sous le toit et traverser haut, avec les pieds à niveau des points en place, à la redescente un coincement de genou gauche permettra de souffler et se protéger avec un #2. Bien gérer les cordes. Une chute du second à cet endroit n’est pas dangereuse mais le laissera vraisemblablement pendouiller plein gaz, donc il est conseillé de savoir remonter sur corde (second) et moufler efficacement (premier).
Dans l’ensemble la voie est hyper classe, à l’ombre l’été, et mérite la visite quelle que soit le style dans lequel vous voulez la grimper.
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