Aujourd’hui je vous présente une gamme de chaussons que j’affectionne particulièrement et dont je possède plusieurs paires: c’est mes chaussons principaux pour la falaise et la grande voie calcaire. Il s’agit des wild climb « pantera » qui existent dans bien trois déclinaisons à lacets et deux à scratch. En particulier je vais vous parler des modèles Velcro, 2.0 et Laser

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de gauche à droite: Panter Velcro, Laser, 2.0

Forme générale

Pour tous les modèles on est sur une forme pointue, centrée sur le gros orteil et assez cambrée, qui peut rappeller de loin les « miura vs » de chez lasportiva (plus larges et asymétriques que les miura lacet traditionnelles).

Les volumes sont légèrement différents selon les variantes.  La version à scratch (velcro en italien) est celle qui chausse le plus près du pied, on est je dirais sur un volume « moyen » voir étroit  tant en pointe qu’au talon. Ce ressenti est dans doute dû au report de gomme pour les contrepointes, qui limite la détente du chausson, et à la différente construction du talon.

La version bleue (2.0) chausse avec un peu plus d’aisance en pointe, mais le talon est cette fois moins volumineux, à cause d’une sorte de doublure interne.

La version orange (Laser) est la plus accueillante : tant la matière riche en perforations que le talon se montrent plus élastiques que chez ses frères. On en tire à la fois un plus grand confort d’accueil et une impression de plus grand volume : comme la semelle reste de longueur identique, le pied se retrouve un peu plus « cambré », à parité de pointure.

Matière

On retrouve sur les trois modèles la même microfibre, sur laquelle le fabricant italien communique beaucoup. Il s’agit d’un laminé en deux strates, conçu de façon à obtenir une élasticité parfaitement homogène dans toute direction.

Effectivement le marque de fabrique des wild climb est cette sensation d’avoir un chausson « fait », moulé à ses pieds dès la première utilisation. L’élasticité du matériel est dosée de façon optimale pour avoir ce ressenti plutôt confortable, sans pour autant perdre en précision et support du pied : d’une façon générale les « pantera » restent des chaussons structurés, orientés à la pratique outdoor et à la précision/poussée plutôt qu’aux adhérences, sensations et pratique indoor.

Autre caractéristique particulière de cette microfibre, c’est son comportement dans le temps. Ces chaussons tendent à sembler à peine plus confortables et « faits » au fil de la séance et avec des utilisations régulières, surtout en conditions chaudes ou si vous les portez longtemps (grande voie, salle d’escalade). Par contre, une fois rangés au placard, ils vont lentement retrouver leur volume d’origine, ce qui parfois laisse surpris : quand vous les mettez après des semaines d’inutilisation, ils sont plus petits que dans vos derniers souvenirs !!!. Raison pour laquelle il ne faut pas trop oser dans le choix de la pointure. Cette caractéristique reste en partie vraie au fil des ressemelages : ne vous attendez pas que la paire « performance » prise bien étroite au départ devienne dans le temps votre chausson de grande voie!

Choix de pointure

Pour le modèle à scratch : prenez deux pointures en moins que la pointure de ville pour une paire dédiée à l’essai ultime dans le projet de votre vie, 1,5 en moins pour une utilisation standard en bloc ou falaise, 1 en moins pour la grande voie ou de falaise tranquille, demie en moins ou même pointure pour des très longues grandes voies sans jamais déchausser.

Par rapport à la version à scratch, dans la même taille, la version bleue chausse un poil plus petit (pensez un quart de pointure) alors que l’orange un peu plus grand, au point qu’un 41.5 en bleu vaut un 41 en orange.

Rigidité et performances.

Pour ce qui est de la rigidité, on peut classer les oranges et les scratch à parité, dans une catégorie « moyenne/haute », et les bleues en « franchement rigide ».

Les trois modèles s’illustrent au mieux en falaise calcaire, avec quelques différences.

Les scratch sont de loin le meilleur choix des trois quand il faut utiliser talons et contre-pointes en bloc outdoor, en salle, ou dans du plafond à concrétions et gros trous, même si leur relative rigidité est un handicap quand ça penche beaucoup (il existe aussi une version plus souple). Ils ont aussi une pointe un peu plus fine que les versions lacet, vraiment performante quand on veut griffer des petites concavités (bidoigts et cie) et se montreront aussi très à l’aise en bloc granitique, style « panneau à arquées ».

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les 2.0 en action au Verdon

Les bleus sont, sans surprise, les plus aptes des trois à pousser fort sur des micro-prises franches en léger devers ou dans du vertical : un excellent choix pour du  old school  et pour des applications spécifiques en bloc. C’est aussi le modèle le plus performant des trois quand on le prend un peu plus grand, pour la grande voie, même si leur extrême rigidité ne mettra pas tout le monde en confiance!

Les oranges, sans être des chaussons « souples » dans l’absolu, ont plus d’aptitude aux sensations, à se laisser écraser sur des rondeurs et à griffer les prises. C’est peut être les plus polyvalents des trois quand on se projette sur une utilisation dans d’autres types de rocher que le calcaire proche de la verticale à crispettes: pensez devers à colos, mais aussi des spots demandant fluidité et feeling comme par exemple Céüse, essais à vue où vous ne savez pas trop quel genre de prises de pieds vous attendre, en salle de diff’, etc…

La gomme, que le fabricant source lui-même, est assez rigide, assez similaire en performances et durée à la vibram xs edge, et contribue grandement à la précision de ces chaussons sur les petites prises.

Dans tout le cas les performance des trois « pantera » me semble largement comparable à ce qui se fait de mieux dans ce genre de chausson structuré, asymétrique et précis, sans être « extrême » dans la cambrure ou la tension.

En tant qu’adepte de la grimpe en fissure je remarque que la forme « orteils pliés » de cette ligne de chaussons n’y est pas trop adaptée, en dehors d’un certain type de granite où finalement on profite plus des cristaux et réglettes sur les côtés que de la fissure proprement dite.

Dans la durée                                         

Ayant utilisé deux paires de pantera scratch et une de lacets bleus pendant longtemps (plusieurs ressemelages) je peux commenter à propos de leur durée dans te temps. Pourvu que votre ressemeleur fasse un bon travail, les deux modèles tiennent très bien le coup, en particulier la version à lacets – peut être en raison de sa plus grande rigidité. Les ressemeleurs chez qui je me suis servi ont d’ailleurs remarqué une très bonne qualité de la construction: le petit drapeau italien n’est pas là pour rien! Pour l’histoire, le modèle bleu dans la photo est à son cinquième ressemelage, il grimpe encore dignement (même si selon mon cordonnier ça sent la fin) et la tige commence tout juste à montrer quelques abrasions en correspondance des orteils.

Le mot de la fin

En résumant, avec cette gamme wild climb on tient une option très intéressante pour ceux qui aiment un chausson structuré, précis, axé sur le gros orteil. En connaissant bien la gamme, il est possible de vraiment cibler ses exigences en termes de rigidité et volume. Si la proposition n’et pas « extrême » en griffe ou tension au talon, les performances en falaise, le rapport confort/performance et qualité/prix en font des concurrents sérieux à des marques plus célèbres. Dommage que ce petit fabricant italien reste très peu distribué en France!